Mgr Pozzo avance délibérément dans « l’herméneutique de tradition »

Publié le par Christophe Saint-Placide

La Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre a publié le texte intégral de la très importante conférence prononcée par Mgr Guido Pozzo, Secrétaire de la Commission Pontificale « Ecclesia Dei », à Wigratzbad, le 2 juillet 2010, devant les prêtres européens de la Fraternité Saint Pierre (ce même jour, Mgr Pozzo a célébré une Messe solennelle selon la forme extraordinaire à l’église de Maria Thann en présence de plus d’une centaine de prêtres et séminaristes de la Fraternité).

On a dit (lette de Paix liturgique, 4 juin 2010), à propos du livre de Mgr Gherardini Le Concile Oecuménique Vatican II. Un débat à ouvrir (Casa Maria Editrice, 2009), que, 45 ans après le Concile, était revisitée une interprétation de Vatican II qu’on avait tenté d’occulter, celle qu’on pourrait qualifier d’« herméneutique de tradition », laquelle va bien plus loin que l’« herméneutique de continuité ». Elle fut représentée au Concile par le cardinal Ottaviani, le cardinal Siri, Mgr Lefebvre, Mgr Carli, etc. Elle revit aujourd’hui dans les sphères officielles avec Mgr Gherardini… et Mgr Pozzo.

Cette conférence, donnée par un personnage qui dirige l’organisme le plus « sensible » de la Curie romaine, est certainement le texte qui va le plus loin dans cette voie de réinterprétation (rectification ?) de Vatican II depuis le Concile.

 

Sans entrer ici dans de longues considérations, on remarquera entre autres les points suivants.

 

1°/ Que c’est le texte théologique de « restauration » le plus clair et qui progresse le plus loin qui ait été écrit depuis le Concile – je dis bien qui progresse, car la thèse « pieuse » de Mgr Pozzo est celle-ci : « C’est ce que nous pouvons appeler l'idéologie conciliaire, ou plus exactement para-conciliaire, qui s’est emparée du Concile depuis le début, en se superposant à lui. Avec cette expression, on n’entend pas quelque chose qui regarde les textes du Concile, ni l'intention des acteurs, mais le cadre général d'interprétation dans lequel le Conseil a été placé et qui agit comme une sorte de conditionnement intérieur de la lecture successive des faits et des documents ». Soit. On imagine cependant que ce que Mgr Pozzo arrive à faire dire à « l’intention » des textes du Concile et de leurs auteurs fera se retourner dans leur tombe, non seulement les PP Congar et Rahner, mais surtout les théologiens « modérés » du Concile, comme le P. de Lubac ou le cardinal Colombo.

 

2°/A propos de l’œcuménisme, il aborde au passage – c’est la première fois chez un théologien « officiel » – la non-ecclésialité des églises et communautés séparées : « Il serait nécessaire d'ajouter, pour être complet, que, en ce qu’elles ont de vrai, ces communautés ne se séparent pas de l'Église catholique mais en ce qui sépare ces communautés, cela les connote comme non-Église ».

 

3°/ A propos du dialogue interreligieux, il passe par pertes et profits, en l’ignorant purement et simplement, le point le plus discutable de la déclaration Nostra aetate, concernant le « respect » qui serait dû aux religions non-chrétiennes, comme telles, du fait qu’elles contiennent quelques bons éléments (Nostra aetate, n. 2).

 

4°/ Enfin, la conférence introduit une brèche de principe dans l’âge pastoral, c'est-à-dire non dogmatique, dans lequel serait entrée l’Église depuis Vatican II : « Il serait donc erroné, et sans fondement de soutenir que depuis le concile Vatican II, les déclarations dogmatiques et le jugement du Magistère devraient être abandonnés ou exclus ».

 

4°/ On se souviendra enfin, et peut-être surtout, que Mgr Pozzo est le modérateur (président) des discussions doctrinales qui ont débuté entre des théologiens du Saint-Siège et de la FSSPX et qui devraient se poursuivre jusqu’au printemps prochain.

Il faut absolument lire ce texte important, disponible ICI sur le site de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre. 


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